Talking Dance : une série de sept courtes pièces chorégraphiques sonores composées d'une voix lectrice, de musiques électroniques et de field recordings.
Les pièces - la plage, la dune, le rocher, le chemin, la clairière, le mur, la pinède - courtes situations fictives chorégraphiques, construites comme des épisodes chronologiques.
L'action se déroule hors d'un espace théâtral. Lieux, lumières, personnages… sont décrits de façon factuelle. Des personnes convergent, se rassemblent, certaines s'égarent.
Marche, course, chute, saut, tour, immobilité, sensations, décisions et laisser agir, états de conscience
modifiés… sont autant d'actes chorégraphiques, de gestes, de mouvements, à écouter, à imaginer,
à ressentir.
Chaque paysage sonore va ainsi ouvrir sur une pluralité d'interprétations et de représentations mentales et chacun·e sera amené·e à activer l'invisible, à construire des images depuis sa perception d'écoute.
Une production déléguée La Place de la Danse
Une coréalisation Le Printemps de septembre / La Place de la Danse
Conception et écriture chorégraphique : Valérie Castan
Création sonore : Diane Blondeau
Version voix alto : La Fovéa
Version voix ténor : Rama
Chant : Ghyslaine Gau
Voix : Félix Bouttier, Miss Candle, Rostan Chentouf, Ghyslaine Gau, Anne Kerzerho, Louise Nurry, Pol Pi,
Victor Teverini et Xuân-Lan
Scénographie : Pauline Brun
Lumières : Sylvie Garot
Photo : ©Diane Blondeau
Production déléguée : La Place de la Danse – CDCN Toulouse/Occitanie
Coproduction : La Place de la Danse – CDCN Toulouse/Occitanie, Centre Chorégraphique National de Caen en Normandie, ICI - Centre Chorégraphique National de Montpellier/Occitanie et Le Quartz, scène nationale de Brest
Partenariats : Villa Arson - Nice, Audio-Technica
Smaranda Olcèse : Fiction radiophonique, création sonore, quel terme conviendrait le mieux à Talking Dance ?
Diane Blondeau : Installation sonore pour une expérience kinesthésique. Ou fiction chorégraphique ? Pour être encore plus précise, on envisage ce travail en tant que pièce chorégraphique sonore. La fiction est effectivement présente dans Talking Dance, mais en tant qu'outil qui nous amène à une qualité d'écoute nous permettant de visualiser parfaitement les mouvements, qui nous introduit dans le corps des personnages. Il y a des charnières qui s'opèrent entre les images sonores et les images chorégraphiques et la narration qui re-contextualise. En ce qui concerne le type de composition pour Talking Dance – est-ce essentiellement un paysage sonore presque cinématographique; ou bien – est-ce une composition musicale... Chaque épisode soulevait des questions précises.
Valérie Castan : De la plage, au sommet d'une dune, sur un sentier du littoral, dans une clairière, une sablière, une pinède... Il s'agit de vraisemblance de paysage, pas d'une reconstitution. Et surtout les paysages restent liés au contexte des situations chorégraphiques.
Smaranda Olcèse : Espaces ? Sensations ? Comment avez-vous pensé la place de la danse dans ce projet ?
Valérie Castan : Pour Talking Dance, j'ai pensé la place de la danse tout d'abord en termes de situations chorégraphiques et de sensations en cherchant l'évidence : la plage, par exemple, en tant que contexte pour l'immobilité, une dune pour la chute. Dans l'épisode du mur, dans un esprit joyeux et militant de dépense improductive, les caissons de murs d'enceintes font vibrer les tripes. Cette expérience intérieure du son nous faire ressentir qu'on est constitué par des liquides que le son fait vibrer, c'est une expérience de corps. J'avais également l'intention par la description du mouvement, de la danse, par une oralisation du texte altérée par les sensations des personnages de ramener les auditrices et auditeurs de Talking Dance à leur corps.
Diane Blondeau : Il y a un rapport d'empathie qui s'opère.
Valérie Castan : L'empathie kinesthésique est d'ailleurs essentielle dans la manière dont j'entrevois l'audio-description de pièces chorégraphiques. Je cherche à ce que le public concerné ressente le mouvement. Pour Talking Dance, dans le sens d'une poétique du kinesthésique, j'ai ajouté des descriptions d'états de conscience modifiée. Ces états peuvent être atteints lors de certaines pratiques de danse ou somatiques où on se laisse agir depuis et par l'écoute de nos sensations, depuis des perceptions plus que depuis la production de la forme. Il était essentiel pour moi d'inviter les auditeurs et auditrices sur les territoires du sensoriel, en nommant les fluides, les organes, les muscles, les os. Il s'agit de faire entendre ces mots, de les faire écouter pour qu'ils résonnent pour chacun.e de façon singulière et interne, pour une projection mentale par leur ressenti, et la composition de Diane oeuvre également en ce sens.
Diane Blondeau : Nous nous sommes également posées la question de savoir où, les auditeurs et auditrice, se situent dans le paysage. Cela passe certes par les indications données par le texte qui situent les personnages, mais aussi par le traitement sonore et notamment la technique binaurale qui restitue le caractère tridimensionnel du son.
Extrait d'interview des artistes avec Smaranda Olcèse pour ICI - CCN de Montpellier / Occitanie
Décembre 2018
Installation sonore