Le cours et l'atelier seront centrés sur une approche du mouvement qui vise à faire apparaître différents rapports au corps en s'appuyant sur des buts pratiques. Ainsi, dans l'action de frapper on vise un objet extérieur tandis que dans l'action d'éviter on s'adapte à un événement extérieur. Les actions sur lesquelles nous travaillerons seront motivées par ces buts pratiques, mais nous utiliserons des stratégies pour empêcher que ceux-ci soient directement identifiés par le spectateur : les mouvements viseront des objets imaginaires, les parties du corps et la direction des mouvements ne seront pas adaptées au type d'action qui est réalisé. Par exemple, on peut frapper avec des parties fragiles comme la cage thoracique ou le ventre, dans un duo, un danseur peut pousser la main d'un autre danseur avec une partie plus sensible comme sa gorge. Dans l'action de lancer, nous traiterons notre main, notre genou ou notre tête comme des objets extérieurs qui pourraient se séparer de leur corps. Dans d'autres actions, nous nous interromprons juste avant qu'elle ne soit pleinement accomplie de manière à frustrer la perception complète du mouvement.
Ces différentes stratégies permettent d'éviter une lecture narrative de l'action et de focaliser l'attention sur différents modes de relation à nous-mêmes et au monde extérieur. Ces modes de relations sont présents dans les actions quotidiennes sans que l'on puisse habituellement y prêter attention. Une séquence de coups ne sera ainsi pas perçue comme une lutte contre des ennemis imaginaires, mais comme une séquence de mouvement ayant une qualité particulière où le corps agit sur l'espace extérieur autrement que dans une séquence d'évitements ou de lancers.
J'essaierai de développer lors du cours et de l'atelier des exercices progressifs pour s'approprier cette approche du mouvement et nous développerons ensemble l'esquisse d'une technique basée sur des mouvements motivés par des buts pratiques.